Cactus. Comprendre quelqu’un c’est savoir avec qui il se mélange
Je ne suis pas la personne que j’avais envie d’être. Je viens d’un pays cosmopolite, mais je n’en perçois pas la richesse. J’ai souvent peur …et ça ne veut pas dire que j’ai encore quelque chose à perdre. J’aimerais que mon monde se remette à l’endroit et je veux de quelqu’un qui voudrait les mêmes choses que moi. Mais,« la main attrape un papillon et se couvre de sa poussière dorée. » Joëlle Gardes. Mon horizon est dans d’autres rêves, caché, comme abandonné parmi les feuilles abondantes de l’automne. Plus j’avance, et plus j’entends le silence, il pleure, il me demande si je sais ce que je suis devenue ! Je vais vite, trop vite parfois, pour m’emporter, pour m’attacher et ça me rend stupide. Certains disent qu’ils vont refaire leur vie, j’ai simplement envie de faire la mienne. Un rêve simple, esthétique, agréable, haut en couleurs, plein de musique, de livres, de beaux objets, de voyages et de rencontres. Une vie presque sans contrainte… un rêve ! Alors parfois je bois à mes ambitions déçues. Je ne dois laisser ni la rage, ni la déprime prendre toute la place. Tu ne trouves pas que je ressemble à une femme inachevée ?
L’identité est un mélange et le mélange n’est pas la fusion… Heureusement que je suis insomniaque ! J’ai écouté/ vu/ entendu un jeune philosophe, Vincent Cespedes. « Je » est un autre dit-on habituellement, il faudrait dire que « je » est des autres…je suis ravie c’est ce que pensais confusément, mais pas trop confusément quand même. Le mélange, c’est comme l’amour, la somme d’émotions partagées tout en vivant le doute. Le mélange est imprévisible et doit permettre la dissociation. Plus la foule est nombreuse, plus le mélange est manipulable. Le mélange est spontané et imprévisible. L’organisation du mélange vise à extraire, l’identité des individus : La mixité ne se décide pas mais on peut en créer les conditions. Socialement, le mélange est l’ennemi visé, donc il est en danger, il est tellement préfabriqué qu’il est devenu une valeur marketing sans participation affective à la vie de l’autre… L’identité, elle, n’est pas figée, elle se transforme au contact de l’autre, elle est multiple…Les marqueurs identitaires sont des je(u). La danse nous transforme dans un équilibre instable, il en est de même de l’identité qui est sans cesse en évolution, en construction au contact de l’autre. Dès qu’on aime, il faut accepter une part d’inquiétude.
Cette recherche inquiète de la liberté permet de rêver des choix nouveaux.
Partager des phases de fusion puis revenir à soi pour digérer le mélange. Se rappeler l’amitié entre Montaigne et La Boétie : « parce que c’était lui, parce que c’était moi »… Comprendre quelqu’un c’est savoir avec qui il se mélange.